La triade d’Aristote

Lorsque Aristote écrit la Rhétorique en 350 avant notre ère, il décrit la capacité d’un orateur à convaincre et à persuader son public comme étant le résultat de trois principes différents, mais corrélés : le logos, l’ethos et le pathos. Considérés conjointement, ces trois éléments de persuasion se combinent pour former ce que les rhétoriciens ultérieurs ont appelé le triangle rhétorique.

L’art ancien de la rhétorique est une pratique qui s’apprend. Comme le dit le rédacteur de discours Simon Lancaster, “la rhétorique peut transformer les prêcheurs en présidents, les pauvres en premiers ministres, les platitudes en propos profonds ».

Alors, à quoi ces trois termes font-ils réellement référence et, plus important encore, comment pouvons-nous les appliquer à notre propre écriture et à nos propres discours ?

1. Le LOGOS fait appel à la raison.

En termes d’écriture, ou dans un langage plus moderne, en termes de création de contenu, il peut être considéré comme la capacité du rédacteur à défendre son point de vue. Il s’agit de la preuve apparente que le rédacteur est capable de démontrer.

Les questions suivantes peuvent vous aider à déterminer si votre « logos » est solide :

  • L’argument est-il clair et précis ?
  • Est-il étayé par un raisonnement solide et des preuves crédibles ?
  • Est-il logique et bien structuré ?

Le logos est donc le contenu, ou l’écriture, en tant que tel.

2. L’ETHOS fait appel à la personnalité de l’auteur.

Cet élément fait référence au rôle de l’auteur (ou de l’orateur) dans l’argumentation et
donc à sa crédibilité.

Réfléchissez à la crédibilité en vous posant les questions suivantes :

  • Quelles sont les qualifications de l’auteur ? Quel est le lien entre l’auteur ou l’orateur et le sujet ?
  • L’auteur respecte-t-il la multiplicité des points de vue en se référant à différentes sources qui servent à étayer l’argument central ? Ces sources sont-elles crédibles en elles-mêmes ?
  • Le ton utilisé est-il adapté au public et/ou à l’objectif visé ?
  • La présentation générale est-elle soignée, professionnelle et bien conçue ?

L’ethos fait donc référence à la personne de l’auteur ou de l’orateur.

3. Le PATHOS fait référence aux émotions suscitées par les arguments.

Il s’agit des émotions du public et de son imagination compatissante, de ses croyances, de ses valeurs, de ses espoirs et de ses craintes.

Analysez le pathos en vous posant les questions suivantes :

  • Les exemples utilisés sont-ils vivants et susceptibles de capter l’imagination de l’auditoire ?
  • Les émotions, les espoirs ou les craintes du public seront-ils sollicités ?
  • Les références se rapportent-elles à des croyances et à des valeurs communes ?

Le pathos renvoie donc au rôle du public.

C’est ce dernier point, le pathos, qui fait référence aux réactions et à l’attention de l’auditoire. C’est crucial pour un grand discours qui veut marquer l’Histoire. Aristote ouvre la Rhétorique en soulignant que « des trois éléments du discours : l’orateur, le sujet et la personne à qui l’on s’adresse, c’est le dernier, l’auditeur, qui détermine la fin et l’objet du discours ». Ainsi, lorsque vous réfléchissez à ce que vous allez écrire ou dire, pensez d’abord à ce que votre public a besoin de lire ou d’entendre.

 

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Sources:
Aristote, Rhétorique

Lancaster, S., Speechwriting, the Expert Guide, Hale (2010)